Au centre de ma démarche, il y a souvent des objets quotidiens qui perdent leur statut original lorsque j’offre à voir, ensemble, les photos combinées avec les objets photographiés. Ce sont des choses banales, des natures mortes suggérées dans un rendu photographique un peu froid et neutre. Les photographies sont le plus souvent en couleurs et les tirages de grandes tailles.
Les objets en plastiques sont mon matériau le plus fréquent. Je les photographie comme des objets de valeur, avec le même soin qu’on mettait à peindre les vaisselles précieuses dans les natures mortes hollandaise du XVIIe s. On y peignait l’éclat des étoffes, la richesse des métaux, la transparence de certains matériaux. Le plastique, symbole de la surconsommation peut devenir aussi une piéce d’exposition. Ses surfaces brillantes imitent les objets de valeur que l’on cherche à protéger. Le lieu de mes “natures mortes”, est le plus souvent un espace neutre. Un endroit trés attentivement choisi mais en même temps très quotidien avec des piéces très banales, des espaces réduits au minimum (La ligne rose série de photo).

J’utilise l’appareil photo, en tant que moyen technique que je qualifierais de “dépersonnel”, ce qui n’est pas incompatible avec une forme d’objectivité. Avec mon appareil photographique, je fais des natures mortes mises en scène. Malgré tout les effets de dépersonnalisation, malgré mon choix de couleurs froides et d’agrandissements énormes (dans l’idée de créer une distance avec l’original) le résultat n’est pas un monde froid et dépersonnalisé: au contraire, il y a mon univers personel qui apparaît avec les objets de mon appartement, les jouets de mon petit-neveu.